
Lancement d’un projet académique d’expérimentation de terramation !
La terramation (compostage humain) peut-elle réellement contribuer à réduire à réduire notre impact négatif sur l’environnement voire à soutenir sa régénération ?
Lancé début avril 2024, le projet de recherche F-Compost porté par l’université de Lille avec l’université de Bordeaux, le CNRS et notre association Humo Sapiens espère répondre à cette question.
La terramation, en tant qu’elle pourrait nous permettre de régénérer nos sols et de donner ainsi du sens à la mort, promet des bénéfices notables tant d’un point de vue social, écologique qu’économique.
Notre sondage OpinionWay « les français et la terramation » pour Humo Sapiens & MAIF éclairait dès 2022 l’importante attente citoyenne en France pour accéder à cette alternative funéraire régénérative.
De la nécessité d’obtenir des résultats scientifiques
Si cette pratique se répand progressivement aux Etats-Unis, elle n’est pour l’heure par encadrée légalement en France, faute notamment de données scientifiques suffisantes pour éclairer les réflexions sur son avenir.
C’est pour répondre à cet enjeu de preuve scientifique que notre association Humo Sapiens, en collaboration avec les Université de Lille et de Bordeaux et avec le soutien de l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR) et le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) lance le projet F-Compost [1].
Ce projet qui démarre en ce mois d’avril 2024 aura pour objectif de concevoir et d’expérimenter de premiers protocoles techniques de terramation afin notamment d’étudier les garanties qu’ils sont susceptibles d’apporter d’un point de vue sanitaire.
Une approche collaborative et transdisciplinaire
F-Compost est financé par l’Agence Nationale de la Recherche et mené en partenariat entre deux laboratoires (CHJ[2] et PACEA[3]). Il sera dirigé par Damien Charabidze, docteur en biologie à l’Université de Lille (voir photo).
Des experts en anthropologie mortuaire, en biologie et en archéologie seront réunis autour de cette problématique, auxquels participeront également des acteurs de la sociétés civile, des collectivités, des professionnels et des représentant des agences sanitaires.
Si ce premier cycle de travail ne permettra vraisemblablement pas de faire le tour du sujet ni dans sa largeur (diversité des protocoles possibles) ni dans sa profondeur (nombre de paramètres étudiés), nous espérons que les résultats obtenus nous permettront d’engager de futurs cycles d’expérimentation et qu’ils contribueront à éclairer les décisions publiques sur le sujet. Ceci à l’heure où le gouvernement annonce la création d’un groupe de travail sur l’humusation.
Damien Charabidze, directeur du projet :
« Réussir à obtenir un tel projet est une vraie réussite ! C’est une forme de reconnaissance institutionnelle de cette question et de la pertinence de l’approche participative, qui associe la société civile et les acteurs académiques. C’est aussi l’occasion de disposer des moyens matériels et humains nécessaires pour réaliser des tests et apporter des résultats concrets. Le tout s’inscrivant dans une démarche scientifique, c’est-à-dire objective et rigoureuse. C’est une première pierre qui va nous permettre de construire la suite. «
Fabien PUZENAT, responsable projet pour Humo Sapiens :
« Un grand merci à l’Agence Nationale de la Recherche de permettre à notre association de travailler en partenariat avec des scientifiques pour faire avancer la terramation en France ! Nous avons à cœur d’élaborer des protocoles comparatifs puis d’expérimenter des techniques qui se veulent régénératives. Les premiers résultats permettront de nous orienter, sans dogmatisme, vers l’élaboration de nouvelles pratiques funéraires. Puisse notre recherche participer au changement de regard sur la place de l’humain – ce vivant parmi les vivants – au sein de son écosystème !«
[1] Le projet F-Compost s’inscrit dans les projets « Science avec et pour la société – Ambitions innovantes » de l’Agence Nationale de la Recherche (édition 2023). Cet appel à projets spécifique, interdisciplinaire, sans thématique ciblée, de type « Recherche-Action », s’inspire vise à soutenir des projets atypiques et originaux qui explorent de nouveaux territoires de la connaissance en s’appuyant sur des collaborations inusitées entre différents domaines de recherche, pour répondre à de nouvelles ambitions, à des questionnements et à des besoins en lien étroit avec la société
[2] Centre d’Histoire Judiciaire (CNRS / Université de Lille)
[3] De la préhistoire à l’Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie (CNRS / Université de Bordeaux / Ministère de la Culture)
Bonjour.
Allez-vous expérimenter l’humusation, le processus définit par Francis Busigny ?
https://www.humusation.org/
Bonjour Didier,
Notre première séquence de travail aura justement pour objectif de déterminer le(s) protocoles que nous allons expérimenter, je ne suis donc pas en mesure de vous répondre pour le moment.
Les critères qui nous aideront à décider sont notamment les suivants : attente sociale, matière scientifique déjà existante, moyens disponibles
L’humusation semble répondre à une attente sociale, nécessiter peu de moyens et fait l’objet de quelques résultats scientifiques.
Bravo ! On aimerait que cela aille plus vite !
Bonjour, j’ai entendu parler de l’humusation il y a quelques années et cela répond à toutes mes convictions. J’ai l’espoir de pouvoir en bénéficier en France.
Merci et bravo de vous être emparé de ce sujet si important pour l’environnement.
Oh que oui !
Merci de votre travail pour nous tous qui voulons une fin pas nocive et respectueuse de la Terre. Je suis avec vous.
Bonjour,
Est-ce que faire un don du corps à la science permettrait d’accélérer les premières expérimentations avec des humains ?
Bonjour Jean Marie,
Vous êtes nombreux à nous poser cette question.
Malheureusement à ce stade, rien ne garantit que votre corps donné à la science nourrirait les recherches sur la terramation car le donateur n’a pas le pouvoir de choisir l’usage scientifique de son corps. Notre association agit pour essayer de faire changer cela !
Bonjour, , j’ai 74 ans , j’aurai tellement souhaitée que les choses avancent plus rapidement !!! Avez -vous l’adresse de l’organisme qui pratique l’humusation en Belgique, merci.
Bonjour,
La structure qui porte l’humusation en Belgique est la fondation Métamorphose (www.humusation.org)
Bonjour
Des années que je parle de l’humusation à ma famille sans connaître votre association. Je ne suis pourtant pas loin de Nantes et découvre aujourd’hui votre association grâce à « Des deuils et des hommes » basé en Vendée.
Merci beaucoup pour vos recherches et votre investissement ! Je me dis que nous avons peut-être, grâce à vous, des chances un jour, de voir l »humusation arriver an France !?
bonjour
merci pour ce projet vraiment intéressant
Pour moi meme, j’hésite beaucoup à finir dans un cimetière ( sinistrose, tout ce marbre !!! artificialisation des terres/ place) et l’incinération à une taxe carbone effarente et tabou: personne n’en parle
Par contre la pollution des corps (antibiotique/ pièces métalliques/ plastique/thanatoplastie) me pose un vrai problème. Pas vous?
Tout mode de sépulture doit pouvoir assurer la bonne dégradation du corps. L’accumulation dans le corps de matériaux / polluants au cours de la vie apparaît comme un défi majeur pour les pratiques funéraires. La terramation devra donc prévoir :
1) une récupération des pièces métalliques
2) de s’appuyer au maximum sur la capacité épuratoire de la microfaune du sol
3) de ne pas pouvoir être compatible avec la thanatopraxie
Bonjour , je viens d’apprendre l’existence d’une autre association « Humusation France » ! Pourquoi deux associations pour un même but ? Un rapprochement ne serait-il pas profitable aux deux assos ? Mieux au projet !
Cordialement
Bonjour Dominique,
1) Nos associations ont des objectifs proches mais des principes d’actions très différents (militantisme VS co-construction)
2) Avoir plusieurs associations poursuivant un but proche ne nous apparaît pas comme une faiblesse mais comme une force pour témoigner de la vitalité du sujet!
Oui, mais c’est bien dommage quand-même que nous ne puissions pas connaître vos véritables intentions !
Bien cordialement.
Didier
Bonjour Didier,
Nos intentions sont formulées dans nos statuts de manière claire et précise 🙂
1) permettre aux humains de s’inscrire dans le cycle du vivant via un mode de sépulture régénératif inspiré du processus naturel d’humification
2) contribuer à l’émergence d’un projet de société où l’humain prend conscience de son appartenance à la communauté du vivant, s’assume en tant que tel pour s’épanouir individuellement et collectivement.
Ces intentions sont visibles de toustes et nous engage durablement !
Le projet pourrais être accompagné de projet de nouveaux lieux de mémoire comme des forêts publiques ou privée existantes ou à créer.
Je suis près à participer
Bonjour,
Pouvez-vous indiquer pour quand sont prévus la fin des études et le bilan de recherche ?
Aussi dès lors qu’il y aura un ou plusieurs protocoles qui auront été retenus qui ensuite seront normalisés pour autoriser légalement la pratique en France, avez-vous déjà prévu à qui reviendra la propriété intellectuelle de ces protocoles ?
Avez-vous prévu si elle sera directement du domaine public pour assurer à la fois une démocratisation large de la nouvelle pratique et une application citoyenne libre rigoureuse tout en étant contrôlée et protégée par la Loi pour éviter des dérives ?
je pose ces questions car en général qui dit légalisation dit agrément légal.
je voudrais croire qu’à terme il n’y aura pas d’exclusivité réservée à un ou quelques acteurs du « Marché du Funéraire » qui se verront octroyés l’agrément par l’Etat pour appliquer la Terramation ou l’Humusation et assimilés ? Sinon il ne fait absolument pas sens avec la démarche philosophique du retour à la Terre que cela devienne un futur objet de juteux profits comme ça existe déjà actuellement avec les différentes pratiques funéraires égales.
Avez-vous poser des garanties quelque part contre une éventuelle récupération des résultats de vos recherches par des intérêts privés ?
Merci pour vos réponse.
Bonjour,
Le programme de recherche F-Compost prendra fin en avril 2026.
Il s’agit d’une programme en recherche ouverte donc les résultats seront rendus publics.
Concernant l’accessibilité / exploitabilité par tous des protocoles techniques qui seront créés, la question principale est celle du financement et du retour sur investissement.
Nous estimons que la mise au point d’un protocole technique scientifiquement approuvé nécessitera a minima plusieurs années et plusieurs centaines de milliers d’euros.
Dans l’idéal, l’association arrive à mobiliser des fonds publics (citoyens, fondations, institutions) dans une logique de recherche ouverte pour permettre une large exploitation des résultats par qui le souhaite. Si nous n’y arrivons pas (ce qui est plausible au regard de la baisse massive de l’investissement public), il nous faudra négocier avec d’éventuels financeurs privés en essayant de rester fidèle à notre objectif de rendre la terramation largement accessible et populaire.