Recueils et analyse des représentations, motivations et freins vis-à-vis de la terramation
Cette étude sociologique constitue le deuxième volet de notre étude d’acceptabilité sociale, en complément de notre sondage d’opinion quantitatif réalisé en 2022.
Elle a été financée par MAIF qui partage notre volonté d’ouvrir le champ des possibles en matières de solutions funéraires, notamment dans la perspective de prendre davantage soin du monde vivant en général et des humains en particulier.
Notre ambition commune est d’offrir des clés de compréhension sur l’évolution du rapport au monde et à la mort, et plus spécifiquement sur la question de la mort régénérative et de l’acceptabilité de la terramation.
Elle a été réalisée fin 2023 par le sociologue Martin Julier Costes, via des entretiens semi-directifs auprès d’un échantillon de 26 personnes se déclarant majoritairement comme favorables ou partagées sur la terramation.
Voici les principaux enseignements de cette étude :
– Sans omettre certaines critiques, l’analyse des entretiens met en lumière une volonté nette de faire advenir une troisième voie telle que la terramation.
– Les répondant.e.s plébiscitent une religiosité à la carte. Elles mettent en avant leur expérience sensible à la nature et au vivant et évoquent le sentiment de faire partie de quelque chose de plus grand qu’elle, qui les dépasse.
– Beaucoup de répondant.e.s considèrent que leur corps peut être utile après leur mort et servir à régénérer l’environnement, l’image du compost bénéficiant d’ailleurs d’une image plutôt positive.
– Ce retour à la terre est associé à la douceur, au confort, avec l’image du cocon comme symbole d’un corps traité respectueusement alors qu’il serait trop violenté par d’autres modes de sépulture.
Nous espérons que cette étude permettra aux acteurs du funéraire de mieux comprendre l’évolution des attentes des français en termes de solutions funéraires et d’adapter leurs services en conséquence.
« Pour MAIF, cette étude nous confirme qu’une partie des citoyens et particulièrement nos sociétaires sont sensibles à un nouveau rapport à la terre et à l’environnement, y compris au moment des obsèques. » Sandra Puilo-Haurie, chargée de projets Innovation et Prospective à MAIF.
Pour Humo Sapiens, ces résultats permettront d’orienter nos travaux de recherche pour pré-figurer ce que pourrait être un futur service de terramation.
La religiosité à la carte revendiquée par les répondants, comme si chacun pouvait s’inventer une religion faite de bric et de broc, est par essence contradictoire dans la mesure où le rejet du christianisme ne trouve d’autres modes d’expression que celui d’une spiritualité diffuse empruntée à diverses sources plus hétéronomes les unes que les autres. C’est le signe d’un individualisme d’autant plus questionnant qu’il prend forme générale, qu’il est conforme.
Cette religiosité vient faire obstacle à l’émergence d’un projet socio-écologique collectif fondé sur une spiritualité immanente qui nous relierait au Vivant qui nous porte et dont, mortels parmi les mortels, nous sommes solidaires. La légalisation du compostage humain ne devrait être qu’un moyen, une étape vers son universalisation si l’écologie dont il se prévaut a un sens.