F.A.Q
Vous retrouverez ici des réponses à vos questions sur la terramation et le projet Humo Sapiens. Contactez-nous par mail si vous avez une question qui reste sans réponse !
A quoi servent les rites funéraires ?
Les rites funéraires ont 3 fonctions principales :
- une fonction matérielle : faire disparaître le corps dans les meilleures conditions d’hygiène
- une fonction sociale individuelle : faciliter l’acceptation de sa propre mort ou de celle d’un proche, contribuer positivement au travail de deuil
- une fonction sociale collective : inscrire cet événement dans un récit collectif qui donne du sens à la mort, à la vie et au monde.
Les rites funéraires peuvent être très variables dans le temps et l’espace.
Ils évoluent en fonction du contexte matériel et culturel des sociétés qui les emploient.
Ils constituent à la fois un socle et un reflet de toute société humaine.
Quels sont les modes de sépulture accessibles en France ?
2 modes de sépulture sont actuellement accessible en France : l’inhumation et la crémation.
- L’inhumation consiste à enfouir un cadavre sous terre en profondeur.
- La crémation consiste à brûler et réduire un cadavre en cendres.
A noter, il est également possible de faire le choix de donner son corps à la science pour aider la médecine et la recherche.
Si la crémation était prédominante en Gaule à l’époque antique, la diffusion du christianisme a imposé l’inhumation comme norme pendant de nombreux siècles.
La crémation est redevenue légale en 1887 dans un contexte de laïcisation du pays et sous l’influence d’un courant de pensée hygiéniste.
De nos jours, les français recourent presque autant à la crémation qu’à l’inhumation.
L’évolution du contexte matériel et culturel de la société française (et plus généralement de toutes les sociétés dites occidentales) fait que l’inhumation et la crémation sont de moins en moins en mesure d’assumer leurs fonctions clés.
Quelles sont les limites matérielles des rites actuels ?
D’un point de vue matériel, l’inhumation et la crémation sont des solutions très peu efficientes qui nécessitent de consommer beaucoup de ressources pour parvenir à faire disparaître les cadavres.
En créant un environnement stérile (grande profondeur, présence d’un cercueil), l’inhumation expose le cadavre à une décomposition anaérobie (sans oxygène), lente et génératrice de toxines (cadavérine, putrécine…). Il en résulte une pollution continue des sols, une empreinte carbone non négligeable (lié à la fabrication des cercueils et caveaux), une consommation importante de foncier (surface au sol) et un coût économique en constante augmentation.
Parvenir à brûler et réduire en cendres un cadavre humain (composé en moyenne de 80% d’eau), nécessite de construire et maintenir des installations complexes mais aussi de consommer une quantité très importante d’énergie fossile. En conséquence, la crémation engendre à la fois une artificialisation des sols, une empreinte carbone non négligeable (liée à la combustion), une pollution atmosphérique par les métaux (mercure notamment) et un coût économique en constante augmentation.
Ces différentes problématiques sont renforcées par plusieurs facteurs et notamment :
– la dynamique démographique qui se traduit par une augmentation constante du nombre de décès par an
– le recours de plus en plus fréquent aux soins de thanatopraxie qui, par l’injection de produits biocides, freine (voire bloque) le processus de décomposition des corps.
Quelles sont les limites sociales des rites actuels ?
D’un point de vue social, l’inhumation et la crémation sont des solutions qui ne permettent pas toujours de donner du sens à la mort et donc de faciliter le travail de deuil des personnes.
L’inhumation donne historiquement du sens à la mort en France en s’inscrivant dans une vision religieuse (la mort est une voie de passage vers Dieu, l’inhumation qui permet la conservation des corps dans l’attente de leur résurrection dans la religion catholique).
Avec l’affaiblissement des récits religieux en France ces dernières décennies, on recourt de plus en plus à l’inhumation par tradition que par croyance.
Contrairement à de nombreux pays, la crémation reste une pratique récente en France (seulement 1 personne sur 1000 y recourait en 1980). Nous n’avons que peu de recul sur sa capacité à donner du sens à la mort et à faciliter le travail de deuil. L’évolution régulière des rites et du cadre légal liés à la crémation traduisent l’immaturité (compréhensible) de cette pratique d’un point de vue social. A noter : la principale motivation des français choisissant la crémation revêt un caractère logistique (« pour ne pas embarasser la famille ») davantage que spirituel.
Pour en savoir plus : Etude CREDOC 2024 « les Français et les obsèques »
En quoi consiste le projet Humo Sapiens ?
Notre projet a pour ambition de rendre accessible en France une nouvelle pratique funéraire – la terramation – permettant de répondre à nos enjeux sociaux, écologiques, économiques contemporains et futurs.
Notre association réunit des citoyens, des chercheurs, des représentants de collectivités et des professionnels du funéraire pour concevoir le cadre culturel, technique, réglementaire et économique qui permettra à la terramation de se démocratiser en France et d’apporter toute sa valeur à la société.
Nous menons des missions de recherche et d’information, en collaboration avec l’ensemble des parties prenantes concernées, y compris à l’international.
En quoi consiste la terramation ?
Depuis des centaines de millions d’années, la couche superficielle du sol est le théâtre d’un formidable processus de régénération du vivant : la micro-faune se nourrit des matières organiques mortes pour produire une terre riche et fertile (l’humus) qui permet de nourrir la croissance des végétaux.
La terramation (ou compostage humain) est une solution funéraire directement inspirée de ce processus naturel qui permet de transformer en quelques mois un corps humain en humus. Le corps est placé dans un milieu végétal, au contact de micro-organismes naturellement présent dans le sol.
L’humus ainsi obtenu peut alors être utilisé pour planter un arbre, support vivant de mémoire.
On distingue plusieurs approches techniques pour procéder à la terramation d’un corps :
– hors-sol, dans un environnement artificiel qui permet d’optimiser le processus. On parle alors de Réduction Organique Naturelle (ou NOR en anglais).
– au sol, dans un environnement naturel. On parle alors d’humusation.
– sous-sol, dans un environnement naturel.
Quels sont les bénéfices de la terramation ?
En tant qu’elle s’opère en alliance avec le monde vivant plutôt qu’en opposition avec lui, la terramation offre de multiples bénéfices en comparaison des solutions funéraires actuelles :
- d’un point de vue matériel / écologique :
- réduction importante de la pollution chimique de l’air, de l’eau et des sols
- réduction importante de l’artificialisation des sols et de l’emprise foncière
- stockage du carbone dans le sol
- régénération des sols et de la biodiversité qu’il abrite
- constitution de forêt mémorielles vivantes, puits de carbone, îlots de fraîcheur et refuges de biodiversité
- d’un point de vue social :
- la mort, parce qu’elle devient régénérative, est plus facilement comprise et acceptée
- facilitation du travail de deuil pour sa propre mort à venir ou pour celle de proches
- amélioration de la santé psychologique des personnes concernées
- à l’échelle collective, ouverture de nouveaux imaginaires de société pour habiter (et quitter) le monde de manière plus durable, solidaire et enthousiasmante.
- d’un point de vue économique :
- baisse des coûts directs et indirects, en lien avec les éléments exposés ci-précédemment.
- le coût d’un service de terramation ne peut pas être déterminé avec précision pour le moment compte tenu des incertitudes sur son développement et plus précisent sur le cadre technico-légal qui sera imposé par le législateur
- à noter que le coût des obsèques, en constante augmentation depuis des années, est en moyenne de 5000€ environ
La terramation est-elle accessible ailleurs qu'en France ?
La terramation reste une pratique émergente à l’échelle mondiale, il s’agit donc d’une révolution naissante !
Pour autant, plusieurs pays ont ouvert la voie et permettent chaque jour de faire la preuve du potentiel de création de valeur social, écologique et économique de la terramation :
- aux Etats-Unis, la terramation est légalisée dans une douzaine d’Etats via un protocole technique hors-sol appelé Réduction Organique Naturelle. La société Recompose a été pionnière dans cette aventure en développant le concept et en obtenant sa légalisation dans un premier Etat américain, celui de Washington, en 2019.
La terramation est désormais en plein développement outre-atlantique puisqu’une dizaine d’opérateurs se sont lancés dans l’aventure et accompagne chaque années plusieurs centaines de familles. - en Allemagne, la terramation est expérimentée en conditions réelles dans le Lander Schleswig-Holstein depuis début 2024. La société Meine Erde y a développé et y opère un protocole technique hors-sol appelé « Reerdigung » (réinhumation). Une validation de cette pratique et un déploiement dans l’ensemble des landers allemands est espéré pour les années à venir.
- en Belgique, la fondation Métamorphose a développé un protocole technique au sol appelé humusation. Cette technique est toujours en phase de recherche expérimentale et n’a pas encore été validée par des acteurs académiques et/ou politiques. Le lancement d’expérimentations académiques permettant de faire la preuve des apports de cette technique constitue donc la prochaine étape pour les promoteurs de cette voie.
A noter, il existe désormais des initiatives (principalement citoyennes) en faveur de la terramation dans la plupart des pays dits occidentaux.
Où en est le projet Humo Sapiens ?
Le projet Humo Sapiens pour une mort régénérative s’inscrit dans le temps long : celui de la régénération du vivant, celui de la constitution de forêts et de la mémorialisation des défunts.
Notre objectif à moyen terme (à horizon 10 ans) est de constituer un premier cadre (culturel, technique, légal, économique) permettant aux français d’accéder à la terramation et de mesurer son apport réel et durable à la société.
Notre association a formalisé et poursuit désormais avec ses partenaires académiques un programme de recherche pluridisciplinaire et pluriannuel. Il a pour objectif de créer et de partager avec l’ensemble des parties prenantes (législateur, collectivités, professionnels du funéraire…) les connaissances scientifiques qui permettront de constituer ce premier cadre de déploiement de la terramation en France.
Nous nous appuyons sur un Comité de Recherche composé d’une dizaine de chercheurs pour mettre en oeuvre ce programme, qui a déjà permis de mener les travaux suivants :
- une étude sociologique, quantitative et qualitative, qui a permis d’éclairer l’attente sociale envers la terramation (représentations, motivations, freins, préférences) – réalisé
- un travail de conception / design thinking pour préfigurer un service de terramation – réalisé
- un projet de recherche terrain (F-compost) pour expérimenter un protocole de terramation sous-sol, réalisé entre avril 2024 et avril 2026 – en cours
En parallèle, nous menons une mission de plaidoyer pour faire découvrir, faire comprendre et faire désirer la terramation auprès du grand public comme auprès des décideurs locaux et nationaux.
Comme évoqué plus haut, notre projet pour une mort régénérative s’inscrit dans le temps long.
Poursuivre notre folle ambition nécessite un engagement fort et des moyens (humains, financiers, techniques) importants.
Quelle est la différence entre la terramation et l'inhumation ?
Si le contact à la terre est un point commun entre les 2 pratique, il existe une différence d’intention et une différence d’exécution entre la terramation et l’inhumation.
L’inhumation a pour intention originelle de conserver le corps, dans une logique de protection vis-à-vis du monde vivant. Ce dernier est donc isolé, en profondeur et dans un cercueil, dans un environnement sans oxygène et sans vie. Il en résulte un processus de décomposition anaérobie (voir plus haut).
A l’inverse, la terramation a pour intention d’offrir le corps, dans une logique de don (ou de contre-don) vis-à-vis du monde vivant.
Ce dernier est donc placé dans les meilleurs conditions pour nourrir la vie du sol. Il en résulte un processus de compostage (décomposition aérobie).
Que deviennent l'humus, les os ?
De manière générale, la manière dont la terramation sera réalisée à l’avenir reste à concevoir avec l’ensemble des parties prenantes concernées, pourra varier en fonction des territoires et évoluera certainement dans le temps.
La question du devenir de l’humus et des os revêt à la fois celle de son usage matériel et de son usage social. D’un point de vue matériel, il s’agit de trouver une solution durable qui ne nuisent pas (voire qui améliore) l’environnement physique dans lequel nous évoluons. D’un point de vue social, il s’agit de pouvoir mobiliser cet humus comme support physique pour poursuivre le travail de deuil et de mémoire si important pour notre épanouissement individuel et collectif.
Plusieurs solutions sont envisageables, plus ou moins applicables à l’échelle des territoires qui disposent chacun de leurs propriétés matérielles et culturelles :
1) laisser l’humus en terre
2) disperser l’humus dans une forêt de mémoire
3) faire don de l’humus à la famille pour un usage particulier
Chacune de ses solutions présente ses propres avantages et inconvénients, d’ordre écologique, social ou économique.
Quelle que soit la destination des os et de l’humus, nous portons la conviction qu’une fois le processus de terramation accompli, un rituel de célébration du retour au cycle du vivant puisse se tenir pour permettre au travail de deuil de se poursuivre.
Faut-il interdire la crémation et l'inhumation ?
Notre ambition n’est pas de faire de la terramation le seul et unique mode de sépulture en France, mais comme une alternative aux solutions existantes.
Nous souhaitons que chacun.e puisse faire le choix funéraire qui lui paraît le plus adapté à sa vision du monde et à ses valeurs, en accord avec la loi sur la liberté des funérailles datant du 15 novembre 1887.
La crémation comme l’inhumation permettent aujourd’hui à une partie importante de la population d’appréhender leur propre mort à venir ou de surmonter celle de proches.
Le corps humain n'est-il pas trop pollué pour nourrir le sol ?
La gestion saine de la disparition des corps constitue un défi historique pour l’ensemble des pratiques funéraires.
Ce défi est rendu d’autant plus complexe aujourd’hui que le nombre de décès par an est en augmentation constante et que nos corps accumule de plus en plus de polluants au cours de la vie.
Comme évoqué précédemment, il nous apparaît que l’inhumation comme la crémation ne permettent pas d’apporter une réponse satisfaisante à ce défi, en n’arrivant pas à contenir la pollution inhérente au corps voire même en en provoquant de nouvelles.
Parce qu’elle mobilise un écosystème dense et variés de micro-organismes nécrophages, dont le rôle écologique est justement de « faire disparaître » les corps, la terramation apparaît comme la meilleure solution pour répondre à ce défi sanitaire.
Les premiers retours venus des USA et d’Allemagne tendent à confirmer cette hypothèse, que nous viendrons également interroger au travers du programme de recherche que nous portons avec nos partenaires académiques.
Comment soutenir le projet ?
Atteindre notre ambition de rendre la terramation accessible en France suppose de relever des défis importants : faire évoluer les mentalités, concevoir et valider des solutions techniques satisfaisantes, faire évoluer le cadre légal.
Pour relever ces défis, nous avons principalement besoin de :
- Faire grandir le mouvement en faveur de la terramation en réunissant un maximum de personnes autour du projet
- Rassembler des financements pour investir dans notre programme de recherche
Pour nous soutenir, nous vous invitons à vous rendre sur cette page pour devenir signataire de notre manifeste, donateur et/ou adhérent à Humo Sapiens !